Il y a des instruments qui, sous l’apparence de la simplicité, cachent une profonde acuité d'analyse et de pertinence. Le Justaumetre en est un.
Emmanuel, esprit vif et plein de cette intelligence sociale bienveillante que seuls les gens sincèrement lucides savent manier, me l’a présenté il y a des années.
Depuis, le Justaumetre est devenu pour moi un miroir, celui qui éclaire plutôt que flatter. Dans le tumulte des médiations et des négociations où m'amène mon métier, où chacun cherche à avoir raison plutôt qu’à être compris, le Justaumetre rend visible l’invisible : il mesure les faits, autant que la part d’humanité que chacun y met.
Grâce à lui, les colères deviennent des confidences, les frustrations des révélations. Il transforme les émotions en matière noble, presque esthétique. Le Justaumetre n’est pas un outil : c’est un art. Et comme tout art véritable, il conduit à la vérité par le détour de la beauté de nos émotions.
Quand Emmanuel m’a parlé du Justaumetre, j’ai d’abord cru qu’il s’agissait d’un nouveau gadget inventé pour compliquer les choses simples. Puis je l’ai essayé et, comme souvent avec Emmanuel son inventeur, j’avais tort.
Dans les réunions où tout le monde s’accuse mutuellement d’être “trop émotif”, ce demi-cercle fait des miracles : il permet à chacun de voir qu’il n’était pas le seul à bouillir intérieurement. Rien de tel pour calmer un homme que de lui montrer qu’il n’a pas le monopole de la colère ou de la frustration.
En médiation, j’ai vu des gens qui ne se parlaient plus depuis des mois redevenir capables de dire “je ressens”. C’est simple, presque rustique, et pourtant ça marche.
Le Justaumetre ne promet pas la sagesse, mais il aide à éviter les grosses bêtises. En médiation, en négociation, même à la maison avec mes enfants, ce petit dispositif m’a permis d’éviter bien des drames...et quelques scènes de ménage d’anthologie.
Il suffit de placer son émotion sur une jauge, et tout devient plus simple. Ce qu’on reprochait à l’autre devient un sentiment qu’on partage. Et dans le fond, il n’y a pas de meilleur moyen d’avoir raison que de commencer par comprendre. Et je le dis sans exagérer : il m’a sauvé plus d’une conversation… et peut-être quelques amitiés.
Dans nos relations, qu’elles soient professionnelles ou plus intimes, nous cherchons souvent la vérité sans vouloir affronter ce qu’elle exige : la lucidité. Le Justaumetre, que m’a fait découvrir Emmanuel, n’est pas un instrument de mesure, mais une invitation à cette lucidité là.
Dans la médiation, il rend visible ce que le silence étouffe : la fatigue, la colère, la peur. En le plaçant entre les mains de ceux qui ne s’écoutent plus, il devient un espace commun, un lieu d’humanité partagée. J’y ai vu des injustices se dire, des frustrations se reconnaître, des colères se taire non par contrainte, mais par compréhension.
Son usage répété apprend la retenue comme une force. Il rappelle que l’équilibre n’est jamais donné, toujours conquis.
Le Justaumetre, au fond, n’aide pas à mieux sentir, mais à mieux être.